L’intégration sociale et culturelle des immigrants au Canada


Si on a beaucoup scruté l’intégration socio-économique des immigrants au Canada, on s’est souvent moins préoccupé de leur intégration sociale et culturelle. Pourtant les recherches et les organismes démontrent que l’un ne va pas sans l’autre. L’intégration en emploi est nécessaire mais ne peut suffire, à elle seule, à améliorer le sentiment de qualité de vie ni à retenir les immigrants et leur famille dans une communauté ou une région. De plus en plus, les travaux portant sur l’accueil et la rétention des immigrants dans les diverses régions canadiennes, montrent que les facteurs d’intégration s’articulent de manière systémique : le travail, le logement, les possibilités d’éducation des jeunes et des adultes, les services et les ressources, les lieux de culte, et les possibilités de transport forment un capital local  qui permet aux immigrants de se sentir accueillis et intégrés dans leur communauté. Les réseaux locaux de connaissances, d’amis et de services, parfois ethniques, parfois multiethniques ou encore de voisinage ou de groupes communautaires divers, font partie de ce capital qui attire, intègre et retient les immigrants. Leurs réseaux transnationaux avec le pays d’origine ou avec d’autres pays de diaspora ou de transit contribuent à ce capital de manière symbolique et virtuelle grâce aussi  aux technologies d’information et aux réseaux sociaux WEB. L’engagement civique, citoyen voire politique des immigrants est souvent une résultante de ces processus d’intégration mais ils sont aussi facilités par les processus de gouvernance à l’œuvre localement et par l’ouverture manifestée par la population envers la diversité culturelle, ethnique, linguistique et aussi l’immigration et les immigrants. Les sondages menés régulièrement par CIC démontrent qu’il y a des disparités selon les régions et aussi que des recherches plus ciblées et des actions plus spécifiques doivent être menées pour améliorer, accompagner et diffuser cette ouverture de la population canadienne. C’est pourquoi les espaces culturels, artistiques, sportifs et récréatifs dans les localités d’accueil ainsi que les processus de transmission culturelle à l’œuvre entre les générations d’immigrants doivent faire l’objet de travaux de recherche afin de comprendre et de modéliser en quoi ils facilitent l’intégration des immigrants et le vivre ensemble local. Il sera aussi important de comprendre comment certaines populations comme les femmes, les personnes des communautés noires et les personnes victimes de discrimination ont accès ou non et sont en capacité ou non de s’investir dans ces dimensions culturelles.

Nous proposons d’articuler les travaux de recherche dans ce thème autour des concepts d’engagement, de participation, d’intégration, de réseaux, d’attitudes, de racisme et d’islamophobie.

Nous pouvons penser ce thème en deux volets :

  • La participation et l’engagement des migrants, incluant les stratégies des familles et des réseaux, selon différents outils et méthodes d’intégration dont les arts, la culture et le sport
  • Les attitudes envers les immigrants et l’immigration : déterminants, expressions, évolution, éducation et action pour changer ces attitudes comme la pédagogie antiraciste, la pédagogie du conflit, les médiations culturelles et interculturelles, ainsi que les dialogues publics